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Domenico Scarlatti

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Domenico Scarlatti
Description de cette image, également commentée ci-après
Portrait par Domingo Antonio Velasco (1738).
Données clés
Nom de naissance Giuseppe Domenico Scarlatti
Naissance
Naples
Drapeau du Royaume de Naples Royaume de Naples
Décès (à 71 ans)
Madrid
Drapeau de l'Espagne Royaume d'Espagne
Activité principale Compositeur
Style Musique baroque
Activités annexes Claveciniste
Ascendants Alessandro Scarlatti (père)
Famille Giuseppe Scarlatti (neveu)

Œuvres principales

Essercizi per gravicembalo

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Domenico Scarlatti, ou Giuseppe Domenico Scarlatti, né le à Naples et mort le à Madrid, est un compositeur baroque et claveciniste virtuose italien.

Né la même année que Georg Friedrich Haendel et Jean-Sébastien Bach, Domenico Scarlatti passe la première partie de sa vie dans le sillage et l'ombre de son père, Alessandro, musicien très renommé et principal promoteur de l'opéra napolitain. Claveciniste virtuose, compositeur d'opéras, musicien de cour ou d'église, Domenico ne parvient cependant pas à se fixer durablement et à faire carrière dans l'un des centres musicaux d'Italie où le mènent ses pérégrinations : Naples, Rome, Florence, Venise

Quelques années avant la mort de son père, il s'installe au Portugal au service de Marie-Barbara de Bragance, princesse royale, fille aînée du roi Jean V de Portugal. En 1729, elle épouse l'héritier de la couronne d'Espagne, le futur Ferdinand VI. Maître de clavecin privé de la maison de Marie-Barbara, il la suit de Lisbonne à Séville, Aranjuez et Madrid, où il termine sa vie.

Il a composé 555 sonates pour clavecin d'une originalité exceptionnelle et pour la plupart inédites de son vivant. Par ce corpus, il est l'un des compositeurs majeurs de l'époque baroque et un des principaux pour le clavecin. Ses œuvres occupent une place clé dans le développement du langage et de la technique de la musique pour clavier.

Biographie[modifier | modifier le code]

Alessandro Scarlatti, père de Domenico.

Domenico Scarlatti, sixième des dix enfants d'Alessandro Scarlatti et de son épouse Antonia Anzalone, naît à Naples le . Ses parents sont issus de familles de musiciens, et Alessandro[1], alors âgé de vingt-cinq ans, est alors déjà suffisamment réputé pour avoir été nommé directeur de la musique de la Chapelle royale[2].

On ne sait rien de sa formation initiale à la musique mais il semble que ce soit son père, ou peut-être son oncle Francesco ou encore Gaetano Greco, qui ait été l'un de ses premiers professeurs. Il est possible — mais il n'y en a pas de preuve — qu'il ait fréquenté l'un des quatre conservatoires de Naples, où Alessandro enseigna quelques semaines.

Très précoce au clavier, il est nommé, à peine âgé de seize ans, organiste de la Chapelle royale. Presque aucune trace ne reste de ce premier poste, qu'il ne conserve d'ailleurs pas longtemps. Par la suite, Alessandro prend contact à Rome et à Florence afin d'obtenir, que ce fût pour lui ou pour l'un de ses enfants, une place au service du grand-prince Ferdinand III de Médicis, un des mécènes de la musique les plus influents de cette époque.

Étapes
  • 1701 — Naples (à 15 ans), il est organiste et compositeur à la chapelle royale
  • 1702 — Voyages à Florence et
  • 1705 — Venise. Élève de Gasparini (1708)
  • 1709–1714 — Rome, au service de Maria Casimira (7 opéras)
  • 1715–1719 – Rome, maître de chapelle de l'ambassadeur portugais, à la Cappella Giulia
  • 1720 — Lisbonne. Nommé maître de chapelle en 1728
  • 1724–1728 — Voyage en Italie. Mort de son père (1725). Mariage (Rome, 1728)
  • 1729–1757 — Madrid. Séville (1730–1733). Chevalier de Santiago et édition des Essercizi (1738)
  • 1754 — Missa quattuor vocum

En 1704, il adapte, pour la représenter à Naples, l’Irène de Pollarolo. Peu après, son père l'envoie à Venise pour étudier avec Francesco Gasparini. Il y rencontre Thomas Roseingrave, un musicien anglais qui devait plus tard participer à la diffusion de ses œuvres à Londres. Scarlatti est dès cette époque un claveciniste hors pair, et l'on raconte que lors d'une joute musicale avec Haendel organisée à Rome au palais du cardinal Ottoboni pendant son séjour italien, il lui est jugé supérieur au clavecin, alors que son rival l'emporte à l'orgue. Les deux musiciens restent d'ailleurs très amis.

En 1709, il entre au service de Marie-Casimire, reine de Pologne qui vit alors à Rome, et il compose plusieurs opéras pour sa scène privée. Il est maître de chapelle à la basilique Saint-Pierre de 1715 à 1719, et se rend peut-être l'année suivante à Londres pour y diriger un de ses opéras au King's Theatre.

En 1720, il réside à Lisbonne, enseignant la musique à la princesse Marie-Barbara[3] qui deviendra une claveciniste émérite. Il retourne à Naples en 1725, et après le mariage de Marie-Barbara, avec l'héritier du royaume d'Espagne, il passe quelques années à Séville à partir de 1729, avec la cour. Il peut y étudier le flamenco. En 1733, il s'installe de façon définitive à Madrid, toujours maître de musique de la reine. Le reste de sa vie se déroule donc en Espagne. Marie-Barbara lui conservera toujours sa confiance et sa protection. C'est pendant cette dernière période qu'il compose l’essentiel de son œuvre monumentale pour le clavecin.

Œuvre[modifier | modifier le code]

Sonate K.32 « aria ».
Sonate si mineur, K. 87, clavecin.
Sonate fa mineur, K. 466, clavecin.
Sonate ré mineur K. 9, piano.

Le catalogue de Domenico Scarlatti comprend plus de 717 œuvres.

Scarlatti doit sa renommée à son œuvre pour le clavecin, qui est unique à maints égards :

Chez Scarlatti, une « sonate » est en fait une pièce de coupe binaire avec reprises (comme les danses de la forme « suite »). Cette « sonate » n'a donc pas le sens que nous donnons aujourd'hui à cette forme depuis la seconde partie du XVIIIe siècle. D'un style aisément reconnaissable, ces pièces extraordinaires ont circulé dans toute l'Europe sous la forme de manuscrits et ont assuré à leur auteur une place privilégiée parmi les musiciens de son époque et jusqu'à nos jours sans interruption.

S'il connaît le contrepoint et la tradition de ses devanciers, s'il sait intégrer l'influence de la musique populaire espagnole, Scarlatti ne se laisse pourtant jamais enfermer dans un cadre contraignant élaboré par d'autres : il privilégie la mélodie, intrinsèquement liée au rythme et à l'harmonie servis par la virtuosité. Il multiplie les dissonances, les modulations, les ruptures rythmiques, les contrastes mélodiques, les répétitions de phrases musicales. Ses trouvailles dans ces domaines sont extrêmement nombreuses et non conventionnelles : elles renouvellent de façon très personnelle la littérature du clavecin. À cet égard, seul un della Ciaja peut lui être comparé à la même époque ; dans la péninsule ibérique, son style influencera fortement le portugais Carlos de Seixas ou le catalan Antonio Soler, nettement plus jeunes que lui.

Seule une petite partie de son œuvre a été publiée de son vivant. Scarlatti semble avoir supervisé lui-même la publication, en 1738, de son recueil des 30 Essercizi, qui sont découverts avec enthousiasme dans toute l'Europe après avoir été imprimés à Londres à l'initiative de Thomas Roseingrave. Aucune de ses sonates (sauf peut-être une, conservée à Berlin) ne subsiste en autographe : ce qui nous est parvenu provient pour la plus grande part de deux recueils manuscrits, manuscrits dits « de Parme » et « de Venise », emmenés par Farinelli à Bologne en Italie, lorsqu'il quitte la cour des Bourbons d'Espagne, puis conservés à Parme et à Venise. Des catalogues ont été dressés par Alessandro Longo (1906), Ralph Kirkpatrick (1953), Giorgio Pestelli (1967) et Emilia Fadini (1978). Après Longo dans la première partie du XXe siècle, celui de Kirkpatrick tend à être le plus utilisé. D'autres études (notamment celle de Joel Sheveloff, 1970) remettent en cause cette partie du travail de classement du catalogue Kirkpatrick, en comparant les sources manuscrites et les éditions imprimées.

Ses sonates écrites pour clavecin sont également interprétées au piano et pour une partie d'entre-elles à la guitare en transcription, Scarlatti ayant été influencé par cet instrument par son long séjour en Espagne. Ces transcriptions font partie du répertoire des guitaristes. Quelques sonates ont été interprétées au violon, à la harpe et 4 d'entre-elles, par exception en plusieurs mouvements (K81, K88, K89, K90), à la mandoline accompagnée par une basse continue (viole de gambe, guitare baroque ou clavecin).

L'influence de Scarlatti est certainement importante sur l'évolution de la musique, spécialement de la musique pour clavecin et piano-forte, vers la fin du XVIIIe siècle, même s'il a toujours été considéré comme un musicien un peu en marge : à cette époque, son pays d'adoption, l'Espagne, paraît en effet bien loin des centres musicaux les plus actifs (Allemagne, Italie, France). Quant à son pays d'origine, l'Italie, il est alors en train de délaisser le clavier pour se tourner vers l'opéra, le bel canto, le violon, la sonate et le concerto.

Les sonates de Scarlatti sont ainsi évoquées par le poète italien Gabriele D'Annunzio[5] :

« Les grains ruissellent le long des gradins lisses et roses où l’eau dévale en cascatelles… Les perles se multiplient, fine grêle, roulent de tous côtés, brillent, résonnent, rebondissent, se mêlent au ruissellement. On dirait des bulles précieuses de l’eau, ou bien les gouttes de la beauté ruisselante : ce sont les sonates de Domenico Scarlatti. »

À côté de ses sonates pour clavecin, Scarlatti a composé des opéras, des cantates et des pièces liturgiques. Citons par exemple le Stabat Mater de 1715 et le Salve Regina de 1756, qui est sans doute sa dernière composition.

L'homonymie avec son neveu Giuseppe Scarlatti a pu créer quelque confusion dans l'attribution de ses œuvres.

Hommages[modifier | modifier le code]

En musique[modifier | modifier le code]

Autres[modifier | modifier le code]

En astronomie, sont nommés en son honneur le cratère mercurien Scarlatti, depuis 1979[7], et l'astéroïde (6480) Scarlatti, découvert en 1988[8].

Discographie sélective[modifier | modifier le code]

Intégrales[modifier | modifier le code]

Récitals au piano[modifier | modifier le code]

Récitals pianoforte[modifier | modifier le code]

Récitals au clavecin[modifier | modifier le code]

Récital au violon[modifier | modifier le code]

Récitals à la guitare (transcriptions)[modifier | modifier le code]

Autres œuvres[modifier | modifier le code]

Vidéos[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Éditions[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Les Scarlatti figurent parmi les quelques familles de musiciens dans lesquelles père et fils jouissent d'une notoriété comparable : préciser le prénom est, dans leur cas, nécessaire.
  2. Les Deux-Siciles relevaient à cette époque du royaume d'Espagne, représentée à Naples par un vice-roi.
  3. Nathalie Moller, « Domenico Scarlatti : 10 (petites) choses que vous ne savez (peut-être) pas sur le compositeur aux 555 sonates », sur France Musique, (consulté le )
  4. Nicolas Witkowski, « Chroniques scarlattiennes », délibéré,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. « Piano : Les Sonates de Scarlatti, 14 éditions au banc d’essai », sur www.revuepiano.com (consulté le )
  6. « ERNESTO HALFFTER ESCRICHE (1905-1989) by Nancy Lee Harper 2005 »
  7. « Planetary Names: Scarlatti on Mercury », sur planetarynames.wr.usgs.gov (consulté le )
  8. (en) « (6480) Scarlatti », dans Dictionary of Minor Planet Names, Springer, (ISBN 978-3-540-29925-7, DOI 10.1007/978-3-540-29925-7_5897, lire en ligne), p. 536–536
  9. « Tharaud interprète Scarlatti », sur lexpress.fr, (consulté le )
  10. « Scarlatti au clavecin par Cristiano Holtz », sur ResMusica, (consulté le ).
  11. (en-US) Lucas Irom, « Livre événement, annonce & critique. Domenico Scarlatti, par MARTIN MIRABEL (Actes Sud, 2019) | Classique News » (consulté le )

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]

Bases de données et dictionnaires[modifier | modifier le code]