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Grand-maître de l'Université de France

En France, durant la première moitié du XIXe siècle, grand-maître de l'Université est une fonction et un titre associé au chef de l'Université de France. Il est, dans une certaine mesure, le prédécesseur du ministère de l'Éducation nationale.

Le grand-maître de l'Université sous le Premier Empire[modifier | modifier le code]

Le décret du place à la tête de l'Université impériale créée deux ans plus tôt par Napoléon un "grand-maître de l'Université". Le grand-maître occupe le premier rang parmi les fonctionnaires de l'Université impériale (art. 29). Il a le titre de "titulaire de l'Université impériale" (art. 34). Selon les articles du décret[1] :

En outre, le décret du nomme Louis de Fontanes premier grand-maître de l'Université de France. Catholique, il favorise le retour de l'Église dans l'instruction publique. Il s'entoure notamment de l'abbé Emery et du philosophe Louis de Bonald[3]. Il est entouré d'un chancelier, d'un trésorier et d'une vingtaine de conseillers[4]. Parmi ces conseillers se trouvent encore des ecclésiastiques comme l'abbé de Bausset. Les anciennes congrégations enseignantes peuvent de nouveau enseigner, mais elles n'ont pas le monopole de l'instruction publique. Les Frères des Écoles chrétiennes sont restaurés par le décret de 1808. Parmi les recteurs d'académie nommés sous le Premier Empire, seulement un quart sont des ecclésiastiques[5]. Ces recteurs sont les pendants scolaires des préfets, et reçoivent autorité sur les enseignants du primaire, du secondaire et du supérieur dans une circonscription donné. Seuls les petits séminaires et les séminaires échappent à l'emprise du Grand-maître de l'Université.

Costume du grand-maître[modifier | modifier le code]

D'après le décret du , le costume du grand-maitre comprend une simarre de soie violette, une ceinture pareille à glands d'or, une robe pareille bordée d'hermine, une épitoge en hermine, une cravate en dentelle et une toque violette bordée d'or à deux rangs.

Robert Lefèvre (1755–1830), Louis de Fontanes en costume de grand-maître de l'Université

La survie de la charge sous la Restauration et la monarchie de Juillet[modifier | modifier le code]

À l'arrivée au pouvoir de Louis XVIII, le grand-maître est tout d'abord maintenu en fonction (ordonnance du ) jusqu'à l'ordonnance royale du qui supprime l'Université de France, la grande-maitrise et le conseil de l'Université. Cette suppression est notamment motivé par la volonté du gouvernement royal de laisser l'Église catholique gérer l'éducation. La surveillance générale de l'enseignement est confiée à un conseil royal de l'instruction publique. Lors du retour de Napoléon durant les Cent-Jours, l'Université impériale et la grande-maitrise sont rétablies. Après le retour de Louis XVIII, l'Université de France est maintenue mais la grande-maitrise et le conseil sont à nouveau supprimées et remplacées par une commission de l'instruction publique par ordonnance du . Cette commission est modifiée en 1820 pour devenir le second conseil royal de l'instruction publique. En 1822, Louis XVIII rétablit la fonction de grand-maître et l'abbé Frayssinous est nommé à cette charge[6]. Celui-ci préside le conseil royal de l'instruction publique.

En 1824 le grand-maître devient ministre secrétaire d'état au département des Affaires ecclésiastiques et de l'Instruction publique et sort donc de la tutelle du ministère de l'Intérieur. Malgré tout, il conserve une certaine autonomie d'action et ce n'est qu'en 1829 que les délibérations du Conseil Royal de l'Université sont soumis au Département de l'Instruction publique[7]. Sous la monarchie de Juillet, le Conseil de l'Université prend de plus en plus d'importance. Une ordonnance de 1845 rétablit la situation de 1808 et adjoint au grand-maître de l'Université un Conseil royal de l'Université ainsi qu'un Chancelier de l'Université[7]. Dès lors le terme de "grand-maître" devient un titre associé à la fonction de ministre secrétaire d'état au département de l'Instruction publique.

Après la Révolution française de 1848, le parti catholique demande la fin du monopole de l'Université sur l'enseignement. La loi du abolit ce système, tout en conservant certaines formes. Le titre de grand-maître est mentionné sur les diplômes jusqu'au ministère de Hippolyte Fortoul (1852), date à partir de laquelle son utilisation est abandonnée.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Décret portant organisation de l'université - 17 mars 1808 », sur education.gouv.fr, (consulté le )
  2. après l'Empire le sceau représentera les armes de France entourées d'une double palme
  3. Charles Durand, L'Université Impériale, t. V, Rencontre, , p. 23 et suiv.
  4. Monsieur et Madame Colibri Ernest d'Hervilly, « L'Université », Le Figaro. Supplément littéraire du dimanche,‎ (lire en ligne [txt])
  5. Jean-François Condette (dir.), Napoléon et les lycées : Actes du colloque organisé par l'Institut Napoléon des 15 et 16 novembre 2002, « Les recteurs d'académie sous l'Empire », p. 327 - 378
  6. Paul Christophe, Les choix du clergé dans les révolutions de 1789, 1830 et 1848, t. II : 1830 - 1848, édition Paul Christophe, , 251 p., p. 50
  7. a et b « Université impériale, Université de France », sur INRP, ENS Lyon (consulté le )