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Vought F-8 Crusader

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Vought F-8E Crusader
Vue de l'avion.
Vol en 1965 d'un F-8E Crusader de l'US Navy rattaché au porte-avions USS Oriskany (CV-34).

Constructeur Vought
Rôle Intercepteur
Premier vol
Mise en service
Date de retrait pour l'aéronautique navale française
Nombre construits 1 260
Équipage
1 pilote
Motorisation
Moteur Pratt & Whitney J57-P-20
Nombre 1
Type Turboréacteur avec postcombustion
Poussée unitaire 47,6 kN (80,1 kN avec postcombustion)
Dimensions
vue en plan de l’avion
Envergure 10,87 m
Longueur 16,61 m
Hauteur 4,80 m
Masses
À vide 9 038 kg
Maximale 15 420 kg
Performances
Vitesse maximale 1 823 km/h (Mach 1,72)
Plafond 18 000 m
Rayon d'action 965 km
Armement
Interne 4 canons Colt-Browning Mk-12 de 20 mm alimentés par 144 obus chacun
Externe 2 000 kg de charge : 4 missiles air-air AIM-9 Sidewinder (2 Matra R550 Magic ou Magic II pour la France), ou 12 bombes de 113 kg, ou 8 bombes de 227 kg, ou 8 paniers de roquettes Zuni, ou 2 missiles air-surface AGM-12 Bullpup
Avionique
Radar
Sperry AN/APG-30 (F-8A)
Magnavox AN/APQ-84 (F-8B)
Magnavox AN/APQ-94 (F-8D)
Magnavox AN/APQ-124 (F-8H)
Magnavox AN/APQ-125 (F-8J)
Magnavox AN/APQ-135 (F-8K)
Magnavox AN/APQ-149 (F-8L)
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Le F-8 Crusader (initialement F8U) est un intercepteur supersonique construit par Vought aux États-Unis. Embarqué à bord de porte-avions, il se caractérise par une entrée d'air frontale et par une voilure à angle de calage variable. Malgré une charge supplémentaire due à son équipement naval, il affiche les mêmes performances que son homologue basé à terre, le North American F-100 Super Sabre.

Historique[modifier | modifier le code]

En 1952, la Marine américaine souhaitait disposer pour son aéronautique navale d'un intercepteur supersonique de supériorité aérienne. Après un appel d'offres, le projet proposé par la compagnie Vought fut retenu. Sa particularité était que l'aile pouvait être inclinée de sept degrés vers le haut grâce à une poignée activée par le pilote. Cette augmentation de l'angle de calage provoquait le même effet qu'un Dispositif hypersustentateur ou volet et offrait une meilleure portance. De cette façon, la vitesse d'appontage était nettement réduite et la visibilité du pilote était meilleure pendant la phase d'approche.

Le premier prototype dépassa le mur du son dès son vol inaugural, le . Le , un F-8A (première version de série) battit le record de vitesse établi par un North American F-100 Super Sabre, en atteignant 1 633 km/h sur un circuit de 15 km au départ du complexe militaire de China Lake. Le , un RF-8A (piloté par John Glenn) établit un nouveau record de traversée ouest-est des États-Unis, en reliant Los Angeles à New York à la vitesse moyenne de 1 167 km/h.

Appontage en 1962 d'un RF-8A de l'US Navy, version de reconnaissance du Crusader. La voilure est inclinée en position haute pour augmenter son angle de calage, ce qui améliore la portance de l'appareil à basse vitesse.
Deux Vought F-8E Crusader du "Fighter squadron VF-33" de l'U.S. Navy se preparent à un lancement depuis le porte-avions USS Enterprise (CVAN-65) en 1964

Environ 1 260 Crusader furent construits au total. Les premières versions étaient armées de quatre canons de 20 mm et de roquettes dans une soute ventrale. Au fur et à mesure de leur production, les F-8 reçurent des améliorations progressives de leur radar, de l'électronique de bord, et un turboréacteur plus puissant. Les roquettes furent supprimées à partir de la version F-8D, tandis que les versions à partir du F-8E pouvaient emporter 2 000 kg d'armements divers sous les ailes. Un missile à courte portée à guidage infrarouge pouvait également être emporté sur chaque flanc de l'appareil. L'avion pouvait être ravitaillé en vol. Deux versions de reconnaissance furent réalisées : elles étaient dépourvues de canons et de radar, le gain de place et de poids permettant d'installer des caméras. En 1961, un concept resté sur le papier envisage une capsule éjectable dont l'ensemble du cockpit serait éjecté et disposerait de ses propres ailerons afin de la diriger et de la stabiliser avant le déploiement du parachute[1].

F-8E Crusader de l'escadron de Marines VMF(AW)-232 "Red Devils" part de la base aérienne de Da Nang pour une mission d'attaque au sol le 1er janvier 1967 pendant la Guerre du Viêt Nam

Mis en service à la fois par l'US Navy et l'US Marine Corps, le Crusader commença à être retiré des premières lignes dans la première moitié des années 1970. La version RF-8G de reconnaissance fut utilisée dans les unités d'active jusqu'en 1982, et dans la réserve jusqu'en 1987. Depuis cette date, l'US Navy ne dispose plus d'avion spécialisé pour les missions de reconnaissance.

Exportations[modifier | modifier le code]

Un F-8P exposé au musée de l'Air et de l'Espace du Bourget en 2006, dernière version du Crusader conçue pour l'aéronautique navale française.
F-8E(FN) Crusader à l'appontage sur l'USS Dwight D. Eisenhower en 1983.
Un F-8H Crusader anciennement de l'United States Navy reconditionné pour l'armée de l'air des Philippines en 1978.

Une version spéciale du Crusader fut construite pour l'aéronautique navale française sous l'appellation F-8E(FN) — FN pour « French Navy » —, en remplacement des chasseurs embarqués SNCASE Aquilon en service depuis 1955. Les porte-avions de la Marine nationale étant plus petits que ceux de l'US Navy, il fallut augmenter l'incidence de l'aile ainsi que la surface des gouvernes de profondeur et modifier le dispositif hypersustentateur. De ce fait, les appareils ne pouvaient emporter que deux missiles air-air Matra R550 Magic de 1973 à 1989, Matra R550 Magic II à partir de 1988 ou AIM-9 Sidewinder contre quatre missiles pour leurs homologues américains. Les 42 appareils commandés furent livrés à partir de 1964 et équipèrent les flottilles 12F et 14F.

Les Crusader subirent plusieurs améliorations pendant leur service et, au début des années 1990, les 17 derniers exemplaires furent progressivement mis au standard F-8P afin de prolonger leur durée de vie de quelques années (révision intégrale du système électrique et des commandes de vol, nouvelle version du siège éjectable Martin-Baker, nouveaux équipements électroniques dont un ILS et un détecteur d'alerte radar)[2]. Les Crusader français furent définitivement retirés du service en et la flottille 12F fut mise en sommeil en attente du Rafale (entré en service opérationnel pour la Marine nationale le 25 juin 2004). En 35 ans de carrière, 28 appareils ont été perdus lors d'accidents, soit 66,6 % de la flotte.

F-8H philippin au Philippine Air Force Aerospace Museum à Pasay

L'armée de l'air des Philippines acquit, en 1977, 35 F-8H Crusader de l'US Navy, alors entreposés à Davis-Monthan Air Force Base, un cimetière d'avions du 309th Aerospace Maintenance and Regeneration Group. Avant leur livraison, 25 appareils furent reconditionnés par Vought, les 10 autres servant de réserve de pièces de rechange. Les pilotes, formés par les États-Unis sur le biplace d'entraînement TF-8A, étaient chargés de l'interception de bombardiers soviétiques[3]. L'entretien des Crusader s'avèra néanmoins de plus en plus coûteux et complexe. En 1988, décision fut prise de les interdire de vol et de les entreposer à la base Cesar Basa de Floridablanca. En 1991, la base fut touchée par l'éruption du volcan Pinatubo et la plupart des appareils, endommagés, furent revendus à la ferraille[4].

Engagements[modifier | modifier le code]

Un F-8E(FN), première version du Crusader conçue pour l'aéronautique navale française, apponte sur l'USS Dwight D. Eisenhower (CVN-69) lors d'opérations militaires conjointes au large de Toulon en 1983.

Les RF-8A de reconnaissance effectuèrent plusieurs missions pendant la crise des missiles de Cuba en 1962, puis au-dessus du Laos juste avant les incidents du golfe du Tonkin en 1964, dans lesquels furent engagés quelques F-8E.

Pendant la guerre du Viêt Nam, les Crusader effectuèrent des missions air-air avec 19 victoires contre 3 avions abattus contre les MiG nord-vietnamiens soit le meilleur ratio de victoire de tous les types d'avions américains en combat aérien durant ce conflit. Les F-8 ont remporté quatre victoires avec leur canon Colt Mk 12 de 20 mm, le mécanisme d'alimentation des canons avait propension à se coincer pendant les manœuvres de combat à grande vitesse sous les g ; quinze avec des missiles AIM-9 Sidewinder[5]. Entre juin et , pendant 12 combats au nord du Vietnam, les Crusader ont abattu quatre MiG-17 pour deux pertes. Sur les 19 avions revendiqués lors des combats aériens, 16 étaient des MiG-17 et trois des MiG-21. Les archives américaines indiquent que seulement trois F-8 ont été perdus au combat aérien, tous à cause des tirs de canon de MiG-17 en 1966, mais le Force aérienne populaire vietnamienne a affirmé que 11 F-8 avaient été abattus par des MiG. Un total de 170 F-8 seraient perdus pour toutes les causes - principalement des tirs au sol et des accidents - pendant la guerre[6]. Remplacés dans ce rôle par les McDonnell Douglas F-4 Phantom II à partir de la fin des années 1960, ils effectuèrent ensuite de nombreuses missions d'attaque ou de reconnaissance.

Les Crusader français ont été déployés de nombreuses fois lors d'opérations extérieures mais il n'y eut que deux engagements réels. Le , lors de l'opération Saphir II à Djibouti, deux appareils embarqués sur le Clemenceau furent pris en chasse au-dessus du golfe d'Aden par deux MiG-21 sud-yéménites. Ils parvinrent à se placer dans les 6 heures des MiG mais l'autorisation de tir leur fut refusée[7],[8]. Lors de l'opération Mirmillon au large de la Jamahiriya arabe libyenne[9], un Crusader du Foch intercepta le deux Mirage 5 libyens non armés dans le golfe de Syrte[10],[11].

Variantes[modifier | modifier le code]

TF-8A Crusader en 1962

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. .https://docs.google.com/viewer?url=patentimages.storage.googleapis.com/pdfs/US3067973.pdf
  2. « La 12F sur réacteur – Album 3 », sur escadrilles.org (consulté le ).
  3. (en) « F-8 History », sur milavia.net (consulté le ).
  4. (en) « Basa Air Base », sur site officiel de l'armée de l'air des Philippines (consulté le ).
  5. "Crusader In Action." faqs.org. Retrieved: 28 December 2009.
  6. « The Last Gunfighter », sur www.crusader.gaetanmarie.com
  7. Le problème du porte-avions, Hervé Coutau-Bégarie, Chapitre huitième — la marine dans la politique extérieure de la France [1]}
  8. Chronique Du Charles De Gaulle p. 109
  9. « Quand les nageurs de combat se préparaient à couler les vedettes de Kadhafi... en 1984 », L'Opinion,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. Les porte-avions et l'aviation embarquée
  11. Chronique Du Charles De Gaulle p. 121

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Développement lié

Aéronefs comparables

Articles connexes

v · m
Avions produits par Vought / Ling-Temco-Vought
Chasseurs
Reconnaissance / assaut
Expérimental / prototypes
Par nom
Corsair
Autres
v · m
Désignations des chasseurs de l’USAAS/USAAC/USAAF/USAF et système Tri-Service
P comme Pursuit (avant 1948)
F comme Fighter (après 1948)
Pursuit, Biplace
Fighter, Multiplace
Après 1962
Voir aussi :
v · m
Désignations des aéronefs de l'USN jusqu'en 1962
Attaque
Bombardiers et torpilleurs
Avions de chasse
Hélicoptères
Médicaux
Utilitaires
Missiles
Drones
Planeurs
Entraînement
Transport
Reconnaissance et observation
Patrouille
Course
Scout
Dirigeables
Aéronefs expérimentaux